" J'ai eu, aujourd'hui, une journée exceptionnellement bénie. Rien que quelques légers accès d'angoisse, le matin. Mais après, tout le reste de la journée, je me suis senti indiciblement calme, fort, plein de courage, libre et détendu, de sang-froid. J'ai remercié Dieu du fond du coeur... (1er septembre 1797). Novalis

" Nous avons un peu avancé vers Cambrai. La bataille fait rage sur l'Escaut, où les Allemands ont réussi à forcer les lignes alliées. Dans les environs d'Arras, des éléments blindés allemands se sont avancés jusqu'au voisinage de la mer.

J'ai passé la journée à lire Bergson. Je pense à Véronique sans arrêt, et je me répète le never more d'Edgar Poe. Jamais plus! Il fait beau. Les hirondelles crient dans le ciel. Hélas, le printemps n'a pas existé cette année. (23 mai 1940) J. Cabanis

" Il regarda la morte. La vivante était jolie. Quelles complications sentimentales dans l'existence. Tout cela avait une valeur ironique, une subtile qualité de comique. « Ce soir, pourquoi pas... mais non, je n'ai rien à faire... »  Par degrés, il percevait mieux le ridicule de la situation, et combien c'était la morte qui était ridicule - et non pas eux." P. Nizan

" Lorsque Lessing passa à Leipzig, je ne sais quelle idée nous poussa à ne pas chercher à le voir; nous nous croyions trop de mérite pour nous borner à le regarder, et nous ne pouvions nous flatter d'entrer avec lui en relations suivies. Je me repentis plus tard de cette présomption si commune à la jeunesse, car je n'ai jamais retrouvé l'occasion de voir cet homme que j'estimais si haut."  J.W. Goethe

« L'oraison funèbre est la prière avant que les asticots se mettent à table. »
J-P. Richter

" Avec la mort devant les yeux?... Et payer pour autrui? Est-ce de la justice, cela? Et dire que dans chaque famille il existe d'une manière ou d'une autre une liquidation de ce genre..." H.Ibsen

*

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" - Ne t'apitoie pas trop sur le pauvre Walter. Il se débrouille

très bien. Il s'est payé du bon temps, autrefois.

- Ah oui? Tu crois à ces trucs, toi? Tu crois à toutes ces choses qu'il raconte?

- Pas toi?

- Qui sait? Peut-être est-il tout simplement en train d'écrire un livre? "

Ph. Roth

Ô Facteur, il faut que tu vêtes
Ta tunique verte d’elbeuf
Pour ouïr un nid de fauvettes
Chantant Boulevard Lannes neuf.

Rue, au 8, de la Barouillère,
Sur son piano s’applique à
Jouer, fée autant qu’écolière,
Mademoiselle Wrotnowska.

Que la très subtile Élisa
Nymphe des tuyaux et des vannes
Cessant d’arroser me lise à
L’ombre du 9 Boulevard Lannes.

S.Mallarmé

« Surfer sur le Net est une perte de temps, et c’est justement ce qui est intéressant. »
W. Gibson

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" Les hommes rêvent de nuit éternelle, 

au matin vide la vois brisée chancelle :

« Nous sommes volés », disent-ils, à nous de RIRE!

et de RIRE ! jusqu'au sanglot dernier crachat! "

R.Daumal

Je découvre tardivement la beauté de la prose. La phrase telle que je la cherche : courante, presque coulante, mais en même temps si neuve qu'elle arrête, étonne. Les « et », les « mais », les « car », on n'en a pas  besoin, qu'ils s'en aillent.

La hâte toujours émeut." A. Adamov

"

" Cette précession de ce qui est sur ce qu'on voit et fait voir, de ce qu'on voit et fait voir sur ce qui est, c'est la vision même. Et, pour donner la formule ontologique de la peinture, c'est à peine s'il faut forcer les mots du peintre, puisque Klee écrivait à trente-sept ans ces mots que l'on a gravés sur sa tombe : "Je suis insaisissable dans l'immanence..." M.Merleau-Ponty

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" le jardin, seul couché debout comme mort enterré fenêtres ouvertes sur

succion du néant - il semble que tout va être aspiré, qu'

il va y avoir un appel énorme, que tout va partir

d'un coup, avalé par le vide, arraché au socle de

/travaux inhaboutis, chantier "

I. Ch'Vavar

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"Trace odeur de soufre

Marais des salubrités publiques

Rouge des lèvres criminelles

Marche deux temps saumure

Caprice des singes

Horloge couleur du jour"

Ph. Soupault

" Nous sommes allés chercher notre fils à l'hôpital avec le fourgon deux jours plus tard. Pendant ces deux jours et ces deux nuits - mais il n'y avait plus ni jours ni nuits - nous avons erré dans la ville en fête. " L. Adler

" J'ai parfois l'impression qu'il y a en moi un être qui semble me connaître et qui n'est pas moi, un être dont je perçois de très lointains échos, de très vagues couleurs, mais que je suis incapable de traduire en mots ou en formes au miveau de la conscience." M.Seuphor

La lune paraît.

Dans l’avenue il fait encore

jour, un soir qui soudain tombe.

Une jeunesse indifférente s’assemble ;

elle se disperse vers de pauvres buts,

Et c’est la pensée

de la mort qui, finalement, nous aide à vivre.

U .Saba

" J’ai perdu mon harmonium (ou on me l’a volé) mon fidèle harmonium Berlin Boum.une fille londonienne alors que je suis oubliée le remplace.ne vous y trompez pas.peu importe ses débuts elle tenait le tambourin pour la forme.elle quitte sans faire de vagues, boit une dernière Guiness avec Yan Kael Kernaleguen avant qu’il ne se fasse avec sa bombe sauter. avertissement glacial, venant à moi, venant à la frontière glacée.bon pour un hommage à Nico en caractères New-York, comportant contribution de Olivier Blanckart (l’allemagne, la bretagne) et d’un documentaire vu à la télévision en 1999." N .Quintane

" ... aujourd'hui - référé à une face entr'ouverte qui ne s'éteint pas dans le même temps que la parole, mais il la fend, alors même que dans l'air - ou le papier - encore elle se façonne..." A du Bouchet

" Ils ont bien vite fini de faire l'amour; il n'a fallu que quelques minutes au garçon, qui venait tout juste de quitter son lit - lourd d'un sommeil juvénile qui l'a rempli d'une semence à laqualle il suffisait de bien peu pour se répandre. En rebouclant sa ceinture, il s'en va, jetant tout juste un coup d'oeil intimidé (mais d'une timidité libre de toute gêne) en direction de Lucie." P.P.Pasolini