" Ce côté du couchant est donc facile à déchiffrer depuis qu'on a coupé les arbres : la Poste, trois cafés, une usine. Il n'y a rien d'autre à apprendre aux enfants que les marques d'automobiles. " J.Giono

" Dans le jardin, sous la gelée, mais par un beau soleil. Joie secrète en voyant le hêtre, dépouillé, baigné de lumière : « L'été est rangé dans son coffre.»" E.Jünger

" Quand il y avait du soleil, j'apportais tous les après-midi des tasses de thé, de lait ou des crèmes glacées au bord de la piscine bleue où les Allemandes enceintes venaient nager nues avec leurs nattes défaites, j'étais très flatté d'être admis là comme si j'étais l'un des médecins de l'établissement, je pouvais donc regarder à loisir ces corps blancs onduler dans l'eau " B.Hrabal

" Chose bizarre, sa voix que je connaissais si bien, dont on dit qu'elle est le grain même du souvenir ( «la chère inflexion...»), je ne l'entends pas. Comme une surdité localisée..." R.Barthes

" Il n'est pas question dans ce texte de reconnaître autre chose que des droits aux beaux-parents. L'enjeu aujourd'hui n'est pas la question de l'adoption par des couples homosexuels ni celle du mariage homosexuel " X.Bertrand

" Je me suis bâti sur le cap une hutte de lentisque, et j'ai planté autour de la mousse, des arbres, du thym et toutes sortes de buissons." F.Hölderlin

" L'être humain n'a pas la force de se maintenir, de défendre sa propre valeur et de trouver en lui-même un point d'appui. Il s'accroche comme à une bouée de sauvetage aux collectivités - collectivités nationales, communistes ou racistes, à l'État en tant qu'Absolu terrestre, à l'organisation et à la «technisation» de la vie." N.Berdiaeff

"Sa robe rouge déployée sur la chute de ses reins
nue et chérie dans mon souvenir, ne la dénudera plus,
elle qui ployait tendrement vers moi, au lit,
pour recevoir mes butées et ma sourde caresse,
découvrant à mon regard assouvi un duvet
splendide sur sa peau suave -
sa robe rouge déployée, disais-je, comme une carapace
sur sa chair savoureuse, elle me montre son visage

de pierre et se détourne de moi pour toute la soirée.
Son cul, sa fente solennelle; ses seins, leurs pointes
aussi tendres et colorées que la chair laiteuse
des boucles pubiques; ses yeux, des abris
de chaleur dans la lumière bousculée :
ils me sont tous confisqués et cette garce
les enfouit dans un océan de glace."  J.Updike

" Tout est là maintenant : les souvenirs truqués,
  Les remords manuscrits, les amours en attente.
  Massacre ou mascarade, allons nous expliquer !
  Je ne supporte pas d'être moi: je m'invente ! " A.Bosquet

"Madame rêve ad libitum
Comme si c'était tout comme
Dans les prières
Qui emprisonnent et vous libèrent

Madame rêve d'apesanteur
Des heures des heures
De voltige à plusieurs

Rêve de fougères
De foudres et de guerres
À faire et à refaire " A.Bashung

" De toutes les grandes femelles de papier, nées de Cranach, de Botticelli, du Corrège, de Rubens, de tant d'autres peintres, c'est elle, la Maja desnuda, que je préférais, et que je glissais parfois sous mon oreiller ! " P.Bourgeade

" La main qui tenait la fenêtre a glissé. J'ai vu presque tout son corps basculer par la fenêtre. Ensuite, il est revenu. Elle avait réussi à se hisser à l'intérieur. Elle était assise là, hébétée.
- Un peu plus et c'était bon, je lui ai dit. Ça aurait fait un chouette poème. J'ai perdu bien des femmes, de bien des façons, mais je ne connaissais pas celle-là. " Ch.Bukowski

" Être jardinier, c'est être comme le Bon Dieu, c'est donner vie et beauté avec de la terre, de l'eau et des graines." J.Chalon

" - La montre. Il arme le revolver.
Je détache la Rolex, puis la fais glisser de mon poignet et la lui tends." B.E.Ellis

P.D.-S.L.

" Il était si mince, si translucide qu'il lui fallait passer deux fois au même endroit pour laisser une ombre." J.Baudrillard

" Vu à contre-jour ou autrement, je n'existe pas et pourtant je suis un arbre." M.Jacob