9 décembre 2005
Voix effacée
" - Mais on devait aller déjeuner chez mes parents, comme tous les dimanches, c'est bien ça ?
- Ton père est mort, dit-elle. L'année dernière.
Il resta une minute la bouche ouverte, catastrophé, étonné que les larmes ne coulent pas, et la catastrophe soudain était de nature différente : il souffrait moins, cette fois, de constater une nouvelle perte de mémoire, si atroce fût-elle, que d'apprendre la mort de son père, de savoir qu'il ne le reverrait plus, qu'il ne l'avait plus vu, en réalité, depuis un an. Il se rappelait, pourtant, le déjeuner du dimanche précédent. Et même sa voix, la veille, sur le répondeur. Sa voix qu'il avait effacée..." E.Carrère
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