" Il est dur d'être gueux tandis qu'il y a tant de sots opulents aux dépens desquels on peut vivre." D.Diderot

" Quand je suis redescendu avec mon sac improvisé, elle m'attendait sur le palier. J'ai claqué la porte et j'ai eu l'impression de quitter l'appartement pour toujours, à cause de ces livres que j'emmenais avec moi." P.Modiano                                

" Je peux dire en effet que je suis un produit d'Auschwitz parce que mes parents y ont été déportés et n'en sont pas revenus. Ma mère, pour ce que j'en sais, a été gazée tout de suite, mon père y a vécu quelques mois, paraît-il, mais je n'ai jamais rencontré personne qui l'ait vu là-bas. J'ai essayé de travailler contre ceux que j'ai appelés dans un livre " les assassins de la mémoire ", c'est-à-dire des gens, comme Monsieur Faurisson, qui prétendent que les chambres à gaz n'ont jamais existé et qu'à Auschwitz ne sont mortes que quelques milliers de personnes, ce qui est un mensonge éhonté. Heureusement, toutes ces thèses ont été démontées petit à petit. " P.Vidal-Naquet

" Je n'ai jamais distingué les gestes que je fais tous les jours de ceux que je fais le dimanche."  M.Duchamp

" Rome est la seule ville du monde qui ressemble à une autopsie."  J.Gracq

" Après le dessert, la marchande de modes ne put s'empêcher de montrer sa nouvelle acquisition à son époux. Celui-ci avait vu des lingeries plus affriolantes au cinéma, mais chacun sait que ce que l'on peut examiner en vrai présente des avantages inestimables.

- Hé, hé ! fit-il prudemment.

- N'est-ce pas ? roucoula Clémence.

Elle se déshabilla avant d'éteindre la lumière. Cela ne lui était pas arrivé depuis vingt-sept ou vingt-huit ans. "  J.Bens

" Belle, jeune, brillante, aux bourreaux amenée,
  Tu semblais t'avancer sur le char d'hyménée ;
  Ton front resta paisible et ton regard serein.
  Calme sur l'échafaud, tu méprisas la rage
  D'un peuple abject, servile et fécond en outrage,
  Et qui se croit encore et libre et souverain."
A.Chénier

" 3/8 Italie

moment sabre dans la main - l'instant avant de s'ouvrir le ventre

l'autre versant de la panique la sérénité au corps " D.Collobert

" Il retombe sur ses pieds, je m'empresse de le dire, après avoir congédié la fillette avec une tape amicale sur les fesses, sûr que, dans la littérature américaine, elle ira se faire voir. " S.Rodanski

" - Ce qui me préoccupe, reprit Quelqu'un, c'est que son essoufflement est venu au moment où elle prononçait le dernier nom : Inti... Je ne sais si ce nom est complet ou si elle n'a donné que les deux premières syllabes." G de Cortanze

" ... cette France, où il a toujours fallu faire des révolutions pour obtenir des réformes. " J.Daniel

" Il ne faut pas traiter les gens d'imbéciles - le mot incomplets serait généralement plus approprié. Nous le voyons, quand nous sentons que nous n'avons pas tous nos moyens. " P.Valéry

" J'ai rêvé que mon éditeur, de passage chez moi, faisait mon lit tout en fredonnant la Berceuse du chat de Stravinsky. " M.Roche

" Il a levé son doigt, il l'a agité devant son nez, et il a chanté d'une voix de fausset... J'ai mal à la tê-te-sa-vez-vous-pour-quoi ? Parc'-que-ma-grand'-mè-re m'a donné le fouet..." N.Sarraute

" Pourquoi, joyeux Aristophane, pourquoi faut-il que tout aille par deux en couples d'opposés ? Pourquoi l'homme, pourquoi la femme ? demandait Eryximaque. Ils étaient plus forts que nous, n'est-ce pas, les androgynes ? " M.Field

" Agréable le ciné, il y fait bon, chaud. Personne ne vous voit, personne ne peut vous parler et vous est possible ce qui ne vous est possible nulle part ailleurs : oublier." H.Böll

" Je me suis donc couché aussi tard que possible. Tu connais le programme (conférence sur Nietzsche, après quoi j'ai eu envie de marcher en bordure de Central Park, je suis entré dans une de ces boîtes à disco, tu sais bien

je n'avais pas remarqué que c'était un vendredi 13. Voici le projet un peu dingue dont je te parlais dans le train qui me ramenait à Yale : c'est comme un voeu, l'idée sublime d'un jeûne, je ne te parlerai, dans mes lettres, de rien qui ne soit toi et lisible par toi seule, si c'est possible."  J.Derrida

" À trente ans, si je n'ai pas réussi ce que je veux, ou je me suicide ou je me fais pute. "  L.Calaferte

" Avez-vous remarqué à quel point une bonne nouvelle vous éloigne de ce que l'on était avant ? Dans mon inquiétude présente, je me suis surpris à souhaiter de toutes mes forces un événement heureux qui anéantirait l'homme accablé que je suis. Je l'aurais attendu depuis des mois, cet événement, et aujourd'hui il serait arrivé. Quelle délivrance ! "  E. Bove

" Il n'y a pas toujours un coupable derrière un malheur."  L. Jospin